Quinze
jours que je suis arrivé dans ce pays pour y aborder tout ce que je pouvais sur
le rugby, comprendre cette capacité au fil des siècles de toujours être les
premiers à ce jeu que l’on croit connaître.
J’ai
tout de suite été happé par la gentillesse mais surtout l’humilité, la
délicatesse de partager. Les Anglo-saxons savent le faire, mais avec un zeste de
condescendance. Il faut s’accrocher. En Nouvelle Zélande point de cela. Les
Français au rugby ont montré des aptitudes à jouer au ballon qui ici forcent l’attention.
Etre français en Nouvelle Zélande, c’est apporter ce brin d’exotisme, de
curiosité qu’aiment les Néo-Zélandais.
Celui
qui m’a ouvert les portes en premier, c’est Steve Rogers, Directeur Général de
la WRFU alors qu’il avait à gérer la tournée des Lions. C’est ensuite Cath son
assistante qui m’a fait visiter les bureaux de la maison du Rugby All Black.
J’ai vu des enfants en sortant jouer avec leurs institutrices, puis des plus
grands s’entraîner comme leurs aînés, même gestes, moins huilés. Pour
l’apprentissage de l’excellence, il faut en tout quelques années.
Ma
recherche principale était un club amateur. D’où viennent ces All Blacks qui
dans leur jeu nous font rêver? Qui chaque année, repoussent un peu plus ce que
l’on cherche à imiter. J’ai trouvé, juste en envoyant là aussi un message à son
président. Petone Rugby Club est au plancher de la hiérarchie du rugby avec une
histoire riche depuis qu’il est né. Wayne m’a tout montré et décrit, puis fait vivre
de quoi aimer le rugby. Françoise qui
n’a connu qu’au lycée de Prades le jeu catalan, voit s’ouvrir un monde qui lui
bouffe son golf su weekend parce que le calendrier du rugby est mal fait.
En
Nouvelle Zélande on joue au rugby le samedi parce que la semaine il faut
travailler et le dimanche rester et s’occuper de sa famille. Le rugby est un
jeu, qui fait rêver mais pas pour faire de l’argent, sauf pour quelques-uns,
les plus performants.
Encore
adolescent, j’ai eu la chance dans mon petit « village » des Pyrénées
d’approcher des gens exceptionnels, des vrais. Des joueurs de rugby, parfois en
resquillant, mais je veux parler des artistes, Michael Denard, Patrick Dupond.
Quand dans le Lac des Cygnes , le danseur étoile entre en scène, il éteint la prestation du premier
danseur. On ne voit que lui dans la chorégraphie.
Au
stade j’ai vu Hurricanes-Lions. Le ballet bien réglé jusqu’à l’égalité. La
performance est de taille même contre des coiffeurs de la plus forte sélection
du rugby d’Europe, menée par un Néo-Zélandais. Des joueurs ont retenu mon
attention, leur performance fut une révélation. Je venais de comprendre ce
qu’est en rugby une performance.

La performance :
Quesaco ?
La
performance c’est mon moteur, ce qui m’a toujours intéressé dans un système. Ma
vision de l’entreprise performante est celle d’un système qui n’aurait pas de
défaillance.
L’entreprise
n’est pas un gros mot pour moi, c’est un mode d’action individuel ou collectif
qui permet de produire un résultat, d’atteindre un but. Entreprise n’est jamais
lié à l’argent dans mes pensées. Des entreprises j’en ai créé pour innover…
Pour
être plus clair, cette entreprise peut-être de se faire plaisir, d’aller sur
mars, de planter des carottes, de jouer au golf au meilleur de moi-même ou
d’être champion du monde de rugby.
De
ma fenêtre, je reconnais les mérites de G. Novès ses résultats parlent pour lui
et mon respect lui est acquis comme je l’ai écrit lors de sa nomination au
poste de sélectionneur de l’EDF.
Mon
respect va de même à B. Laporte qui lorsqu’il a eu en charge une mission, il
s’en est acquitté avec pas mal de succès, comme joueur, entraîneur,
sélectionneur, même secrétaire d’Etat. Le voilà Président de la FFR avec le
projet de bousculer l’establishment pour obtenir le Championnat du monde en
2023 et enfin être champion du monde de rugby.
Mesurer la différence
J’ai
suivi sa campagne de loin puisque j’étais en Nouvelle Zélande et en Australie au
moment où il a commencé à aller voir les petits clubs…Elu, il a parlé à la
télévision, fort comme d’habitude.
De
mon côté, j’ai vu quelques matches de début de saison de Super Rugby sur place
en Australie, à Christchurch aussi. J’ai été agréablement surpris de tout un
tas de choses du bord du terrain. En premier la jeunesse des joueurs, leur
vitesse de jeu, le fait qu’ils ne soient pas trop lourds, courent longtemps.
Fassent des brèches presque sans effort.
Quand
j’ai rapporté cela à mes copains de Bordeaux, Biarritz et Tarbes, je me suis
entendu dire que ce n’était pas du rugby. Or chaque samedi quand je regarde un
match de Top 14, je suis capable de lire un journal en même temps tellement je
m’ennuie. Entre les mêlées qui s’écroulent, les fautes de mains et les erreurs
stratégiques, je ne vois pas de rugby que j’aime. Heureusement, il y a la H Cup
où là on voit du jeu. J’ai donc jeté mon abonnement Canal Plus. Le marketing
pour vendre de la daube, j’en ai assez. La société de consommation c’est
dépassé.
En
clair j’étais fâché contre le rugby de France mais enchanté d’avoir trouvé un
pays qui sait y jouer. En plus en y venant un mois en été, on a trouvé des gens
sympas, accueillants et courtois. L’idée de venir en hiver s’est imposée pour
voir si c’était pareil.
Je
suis l’épopée des All Blacks depuis que je suis parti de chez moi, vers 13 ans
pour aller à l’école à Bagnères-de-Bigorre. J’ai pris soin de lire leurs
aventures initiales depuis « Les Invincibles ».

J’ai
eu envie de comprendre pourquoi un tel écart afin de pouvoir enfin comparer ce
que je connais des deux côtés. J’ai donc imaginé de passer 3 semaines à
Wellington, Christchurch et Auckland quand je me suis rendu compte que c’était
cette année la tournée de Lions. Pour la prochaine j’aurai 80 ans et pas sûr
d’être en santé… Nous sommes arrivés deux jours avant le premier test où les
Lions ont ramassé.
Un autre monde

J’ai
innové dans bien des domaines mais je sais que je n’ai rien inventé. J’ai
utilisé la mémoire et les connaissances existantes pour le recombiner. A vrai
dire je me suis inspiré de ce que font les meilleurs, les plus performants.
J’ai cherché l’information soit dans les livres soit en les rencontrant pour me
faire une idée. J’ai cette fois encore fait la même démarche, humblement, sur
la pointe des pieds tellement toucher au rugby de NZ pour moi est sacré.
J’ai
été choyé par la WRFU et encore plus par les dirigeants de Petone RC. Comme un
bonheur n’arrive jamais seul, j’ai pu voir les exercices d’une école primaire
et rencontrer un professeur de collège.
Par-dessus
le marché toujours à la recherche des dernières informations je tombe sur un
article qui parle d’un préparateur physique Français en stage chez les
Hurricanes.

En
2015, les Canes avaient perdu en finale. Et les années avant, ils avaient
fourni un énorme contingent de joueurs aux All Blacks. Bonne formation
d’ensemble mais pas les meilleurs winners.
Dans
les News du site de la Franchise de Wellington, pour les jeunes de la région,
un stage sera organisé. Le discours de Darren Larsen est un modèle de pensée
d’éducateur. Une éducation holistique du rugby, vous parlez d’un projet. Darren
Larsen était entraîneur au Petone RC…lien parfait.
Recherche de la performance
Je
ne sais pas si c’est bien ou mal de chercher à se dépasser, mais c’est un fait
de notre société je l’ai accepté et tenté d’aller au bout de moi-même pour me
respecter.
La
performance ne vient pas d’un trait. La performance est le contraire d’une
panne. Et je sais ce qu’est une panne, c’est d’ailleurs parce que j’ai dû
chercher et comprendre des défaillances que je sais comment vient la
performance.
Des moyens en plus des idées... |
La
performance est une éducation à l’effort physique, technique, psychologique,
mental et émotionnel. Et elle se prépare jour après jour, étape après étape.
Avec des progrès plus ou moins marqués sur une courbe ascendante vers un but
fixé.
La
performance ne vient que si tout l’être est focalisé sur le but fixé. L’être
est une entité individuelle ou collective mais c’est un système. Pour résister
ces deux identités devront se faire aider, ajoutant à la complexité.
Des espaces pour s'entraîner |
C’est
à ce moment que commencent les erreurs que l’on peut commettre. A savoir que
dans le chaos provoqué par la marche du système, il faut scinder, fractionner
la complexité en éléments simples mais ne pas oublier trois choses
importantes :
Faire
des actions simples mais correctement
Toujours
conserver la globalité du projet tendu vers la performance (focus sur le but).
Ne
jamais oublier de traiter les interactions qui existent entre les divers
éléments individualisés. Relations entre technique et physique par exemple à un
moment puis mental et technique à un autre, sous fatigue….
Ingénieurs et assistants de la
haute performance
Si
nous n’étions pas assistés par les ordinateurs, il serait impossible de parler
ainsi sinon de manière empirique.
![]() |
Les meilleurs du moment... |
Les
joueurs de rugby emportent aujourd’hui des GPS et tout un tas de capteurs qui
apportent des informations sur leurs performances. La possibilité pour un
analyste de faire des corrélations, suivre le niveau de performance…orienter
des compléments d’activité pour progresser.
En
novembre dernier les Hurricanes ont accepté en stage un jeune ingénieur de la
performance (ne cherchez pas j’ai inventé le terme après avoir vu le premier
entraînement des Hurricanes et passé un long moment avec le jeune homme) ;
rien de formel, sérieux sans se prendre au sérieux comme le rugby NZ que je
découvre chaque jour un peu plus. Il est français et est nommé : Préparateur
physique et « sport scientist » dans le staff de M. Stirling.
Ce
club a été champion en 2016 et cette année sont entrés en soutien, Raphaël plus
une Psychologue- Préparateur mental….chaque année du progrès.
Raphaël
a un parcours STAPS plus Université. Cinq années bien tassées. Préparation
physique veut dire souvent en France soulever des poids et augmenter son
potentiel physique. Expérience en haltérophilie. Chose amusante, il vient au
rugby par hasard (à la fac, vacciné par JJ Sarthou) et nécessité (blessure au
premier match et besoin de manger).
A
22 ans, avec en main un métier d’extraterrestre pas facile de trouver un
boulot. Mais le jeune homme croit et aime ce qu’il fait. Passage dans le centre
des jeunes du Racing 92 dont il ne garde pas un bon souvenir. Plus de chance
quand il se présente à Béziers par l’entremise d’un copain. Il y intervient en
préparation physique avec Manny Edmonds (Australien). Le courant passe bien
avec Manny mais Béziers ne le garde pas. Edmonds est maintenant au RCT avec
Fabien Galtier.
![]() |
Wellington, son calme est attirant... |
Raphaël
a passé son message à toutes les équipes professionnelles. Sans succès, je
doute que beaucoup d’entraîneurs sachent ce qu’il sait faire en vérité. M.
Simon lui a répondu que depuis 10 ans, il y avait des gens compétents dans la
fonction à la Fédération. Déçu Raphaël a décidé de partir en Nouvelle Zélande.
Voilà
un nouveau scientifique qui part à l’étranger !
Il
cherche et trouve le contact de Monsieur Haute Performance des Hurricanes.
C’est fou comme un mail peut faire comme chemin ici alors qu’en France il est
souvent lettre morte.
Au
rugby depuis très longtemps j’ai compris que c’est la République des copains.
C’est bien mais j’ai le sentiment que le passage au domaine professionnel, en
1995, s’est fait à la petite semaine.
Contrat
moral passé avec l’entraîneur qui l’interroge via Skype pour une pige entre
novembre 2016 et 5 août 2017, date de la finale du Super Rugby. Et lui donne le
choix de venir en stage. Il ne sera pas payé.
Raphaël
La
démarche de Raphaël est un grand projet. Innovant pas grand monde ne sait ce
qu’il a sous le pied et ce qu’il apprend tous les jours. Il doit d’une part
montrer l’efficacité de ses analyses et son utilité. Son bureau est au sommet
des tribunes du stade.
Modeste,
il ne sait pas vraiment quel apport il a dans le club au moment où je suis venu
le rencontrer. Il s’étonne que Boyd lui demande son avis à la fin d’une partie
(Hurricanes- Lions). Les joueurs sont sympas avec lui et lui montrent beaucoup
de respect, les coaches aussi. Ils n’oublient jamais de lui demander des
compléments d’informations sur la masse de données qu’il a amassé, compilé,
commenté, archivé, prêt à partager.
Il
a fait tous les efforts en anglais pour leur répondre rapidement, instantanément.
Dans leur état physique, même s’ils paraissent cool, ce sont des combattants,
ils n’ont pas le temps. Quand ils demandent des compléments, il est si sérieux
que c’est déjà fait. Les joueurs sont bluffés.
Comme
il est entouré de gens compétents, tous universitaires ou encore doctorant,
lui-même chaque jour essaie de s’améliorer. Il a compris depuis longtemps que
la nutrition est un élément fondamental de la performance. Il applique, teste
et voit monter ses propres performances ; de ce fait il trouve que les joueurs
pourraient mieux s’alimenter. Il glisse au passage que chez les All Blacks la
nutrition est suivie plus systématiquement. Sur le terrain on voit bien que les joueurs en
plus de l’eau prennent des compléments. Comme les tennis men lorsqu’ils
tournent. Kieran Read le fait systématiquement.
Raphaël
sait que tous les joueurs ont fait des progrès. Il faut l’entendre parler de
l’un et de l’autre. Son étonnement : ils sont bons, très bons voire
exceptionnels et demandent toujours plus pour être encore meilleurs.
Il
faut dire que le système local est pervers. Bien moins tranquille que ce que
l’on propose aux jeunes joueurs français. En fait l’ensemble est complexe mais
basé essentiellement sur l’amour du jeu.
Vous
avez noté que à Petone RC, club régional de base, aucun joueur n’est payé. Le PRC
représente ici le niveau « plancher » de la Fédération. Amateur depuis sa création.
Les
scolaires de bon niveau se voient proposer de venir s’entrainer pour un stage
limité à l’Académie locale menée par les éducateurs de la Fédération. Dans ces stages
annuels ou plus réguliers durant les vacances (ou en weekend) les jeunes
joueurs peuvent progresser jusqu’à leur maturité.
Pour
fixer les idées, au sortir du collège, 50% des élèves (garçons et filles)
entrent dans les Ecoles Supérieures ou à l’Université. Une occasion de
continuer à jouer au rugby en amateur ou semi professionnel. Les autres iront
travailler et joueront dans les clubs civils

Alors
ils pourront jouer pour une équipe qui participe à la MITRE 10 CUP et être
payés durant la durée du championnat. La durée de l’épreuve annuelle est de 11
à 13 semaines. Elle concerne 14 équipes. 7 en première division, 7 en deuxième.
Les joueurs sélectionnés une année, n’ont pas de rente de situation. Rien pour
eux n’est assuré. De bons joueurs à tous les postes, il y en a partout dans
tous les clubs.
10
rencontres sont programmées par le staff de la Fédération qui pense que la
rivalité des équipes régionales fournira le meilleur terreau de compétences
pour préparer les équipes des All Blacks.
Pour
certains jeunes, jouer au Jeu à XIII est une solution potentielle, mais s’ils
ont goûté au XV au Collège, l’expérience montre qu’ils y reviennent.
Lion féroce.. |
La
Fédération surveille les finances et le comportement des équipes. Sanctionne
sèchement (voir en Super Rugby 18 ramené à 15 franchises). Economie, économie,
rien de plus normal, c’est la règle ici. Le rugby a une portée sociale et
sociétale complexe mais vitale. La Fédération est omnipotente, elle gère tout,
pour toutes les équipes jeunes, filles, XV et Seven.
Le
sport pour gérer les dérives potentielles. Cela n’empêche pas de faire la fête
mais la liberté a un prix, ici tous semblent l’avoir compris.
Les
franchises de Super Rugby offrent un tremplin aux meilleurs sélectionnés du
second niveau (MITRE 10) et participent à l’émancipation des jeunes de U18 et
U20 depuis peu. Les joueurs qui sont retenus pour jouer en Super Rugby sont
payés par la Franchise durant la durée du championnat (mars-juillet, 5 mois).
Mieux vaut avoir un beau contrat, sinon il faudra travailler à côté.
Un exemple de réussite... |
Les
franchises fournissent les meilleurs All Blacks qui eux sont sous contrat avec
la Fédération selon des critères purement individuels. Quand on sait que parmi
tous les joueurs depuis que le rugby existe en Nouvelle Zélande le dernier All
Black nommé Jordie Barrett aura un numéro autour de 1050…Les places au sommet
sont comptées.
De
plus, même si les chiffres ont dernièrement été réévalués (vive les droits Télé
et merchandising) un joueur NZ est moins payé qu’un joueur qui s’est
expatrié…Seuls les vieux s’en vont négocier des conditions plus avantageuses à
l’étranger.
En
écoutant les conversations, des joueurs s’expatrient pour de multiples raisons.
Certes en fin de carrière mais d’autres moins bons (en tout cas pas All Black
ou rarement) mettent ce départ dans leur projet de vie. Il y a des nations de
rugby qui ont besoin du savoir des joueurs Néo-Zélandais. A PRC, un joueur est
pour deux ans à Valence, un autre revient d’Allemagne, un part aux USA. Pour
apprendre, étudier, faire sa vie.
![]() |
Ils ont apporté la contradiction... |
Nous
sommes loin des discours pleins de billets de banque de notre championnat. Il
semble que l’esprit qui règne ici permet chaque année de progresser,
d’intéresser les jeunes, de les valoriser. Le rugby est un lien social, le club
garde son importance au sein de la ville où il est implanté. Il me reste deux
mois et demi pour compléter les détails qui manquent ou que je n’aurais pas
bien compris.
Les
gens d’ici n’ont rien à cacher. Dans une semaine j’en saurai plus sur les
Hurricanes, j’aurai alors la chance de tomber du ciel près du camp des
Crusaders, je sais comment faire pour y entrer. J’irai voir un autre collège et
un autre club amateur dans le quartier où je vais habiter, pour comparer,
affiner ces données.
Ils ont montré les limites des All Blacks |
C’est
simple, fait en toute humilité, c’est ce que je retiendrai. En Nouvelle
Zélande, le rugby est un jeu et le reste. Tout ou presque y est sérieux sans le
prendre au sérieux !
Michel Prieu
Blog
voyage : nouvellezelandeleretour.blogspot.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire