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18 - Rugby, intérieur féminin ( 8 août 2018)



La surprise est à la fin...

Bonjour,

Ce qui va suivre est un bout de l’histoire du rugby de France et de celui de Nouvelle Zélande vue au contact d’une jeune joueuse rencontrée par hasard. Quand je dis hasard, je n’y crois pas un seul instant ni pour elle (elle ne le sait pas) ni pour moi.
Venant ici dans le but de comprendre, je suis étonné et je vous donne le change de vous transmettre tout ce que je peux trouver. Je ne suis pas encore à la moitié du voyage et chaque jour m’apporte des informations complémentaires pour préciser tout ce que j’ai déjà abordé.

J’ai eu plaisir à entrer dans mes recherches par le haut en étant aimablement reçu à la WRU.  Puis je suis descendu dans les étages pour voir comment jouait la base du rugby de ce pays.

En chemin à Wellington, j’ai rencontré un article sur un jeune homme qui travaille comme analyste de la performance chez les Hurricanes. Pas question de passer à côté, sans lui parler. Intimidé, le jeune homme est charmant en plus d’être compétent. Dès notre premier dîner il a montré qui il était. Dans la conversation initiale il a parlé d’une copine de Toulouse qui joue dans une équipe de rugby réputée d’ici à Rongotai…
Nous avons connu Claire au Musée Te Papa Tongarewa qui nous éclaire sur la vie originale de la vie de Nouvelle Zélande. Le rugby, c’est bien mais il n’y a pas que ça dans ce pays !

Au moment où nous l’avons vue, j’en étais à penser que le rugby de ce pays nous éclairait grandement sur la vie des gens. Fouiller dans la vie des clubs pour en comprendre l’organisation et leur manière de fonctionner allait brusquement bifurquer.
Ils allaient pouvoir parler de l’intérieur des arcanes secrètes des joueurs et des préparateurs. Le grand principe de ce pays c’est que les joueurs jouent, les entraîneurs entraînent, les dirigeants dirigent. Imaginer que les préparateurs préparent ne fut qu’un pas.

Sauf que Raphaël me fit remarquer « que le coach principal attendait des joueurs au top de leurs performances chaque samedi ». Qu’ils soient en équipe AB ou pas. D’autre part que c’était la première année qu’ils avaient fait appel à un « sport analyst ». Ils se sont aussi assuré dans le même temps les services d’une psychologue-préparateur mental… Le progrès toujours le progrès pas une innovation.

Raphaël nous a dit avoir proposé à Claire de l’aider à se préparer. J’ai pensé, Quinconces de mon cœur, que les témoignages de Raphaël et de Claire pourraient enrichir les informations recueillies et donner plus de corps à notre débat.
Pour Raphaël c’est fait.

Voici maintenant celui de Claire où j’ai pris plaisir à me mettre dans la peau de Richard Escot. J’ai proposé à Claire de lui poser des questions sur sa jeune carrière. Le but n’est pas innocent ni pour nous ni pour elle. J’ai senti qu’elle avait besoin de faire le point. J’avais envie de l’y aider.

Pas tout à fait brut mais vrai.

Claire, je viens de te voir jouer. Ce que j’ai vu de ton équipe et de toi-même m’a plu vraiment et pour tout dire étonné. Je voudrais que tu m’éclaires sur le chemin qui t’a amenée ici, loin de chez toi, alors que ton talent aurait pu te laisser à Toulouse. Mais je ne sais pas tout, j’aimerai si tu en es d’accord que tu me dise comment cela est arrivé.
J'aimerais d'abord que tu traces ton parcours personnel, comment tu es tombée dans le rugby, comment se sont passées tes études et quel était ton projet professionnel ?

« C’est un double projet :
                   Aujourd'hui, il est évident que le rugby est une histoire d'Homme, fait de rencontres. J'ai commencé au collège en classe d'éducation physique et sportive. Les actions de ce sport m'ont tout de suite attirée, le jeu collectif, le fait de mettre ces actions au profit des autres, le contact, ou encore les grandes courses... Puis les copains, les copines, le fait de pouvoir se dépenser tout en s'amusant avec pour mot d'ordre : saisir chaque opportunité ou encore transformer toutes tes actions en opportunité. Mon professeur d'éducation physique et sportive a été le départ de cette grande aventure, Mr Beudaert. À la fin de mon collège, il m'a encouragée à faire les tests d'entrée pour le Pôle Espoir Rugby de Toulouse. Il m'a même accompagnée jusqu’à Toulouse, avec trois autres de mes copines.

                   La deuxième partie de l'aventure correspond à mes années du lycée. En internat durant la semaine, combinant entraînement et études puis en famille d'accueil le weekend. Le vrai début du double projet, (enfin sans se mentir) pas la première année. J'étais plus là pour m’amuser et rigoler, je suis arrivée la même année que de sacrés numéros. Durant cette année, je suis passée de 4h de rugby à plus de 10h par semaine. Le Pôle Espoir nous fait travailler pour développer nos compétences physiques, techniques et la vision du jeu. Nous avions essentiellement 2 intervenants Christian Orditz et Sylvie Bros. Le weekend c'était direction Fonsorbes, le club à l'ancienne, amateur, avec des valeurs familiales importantes, le club était vraiment soudé. Ayant quitté ma famille à l'âge de 16 ans, j'ai vite fait de retrouver de nouveaux repères, de nouveaux exemples et surtout des filles qui maintenant sont mes amies. Un entraîneur, Martial Coutin, pendant deux ans qui nous a poussées à nous dépasser ensemble mais encore une fois en mettant les individus au service de l'équipe. Deux années très riches, deux titres de Championne de France. J'adorais ce championnat, le rugby à 7. En équipe de moins de 18 ans, nous avions les sélections Midi-Pyrénées, je m’y suis régalée et de même que dans les tournois avec Grand Sud où je pouvais allier performance et colonie de vacances.

Dans le même temps préparer un bac « ES option SES » obtenu difficilement avant de prendre la direction de la faculté Paul Sabatier.

Deux autres éducateurs, Olivier Baragnon, Albert Cigagna, qui m'ont aussi beaucoup apporté et fait grandir. Ils ont très vite compris que j'étais arrivée en STAPS parce que j'aimais juste le sport, ils ont pris le temps de travailler avec moi sur mon double projet pour que je puisse m'orienter vers la filière Activité Physique Adaptée à La Santé. J'ai donc trouvé ma profession, sans abandonner le rugby.

J'ai réussi à accrocher une sélection pour l'équipe de France de rugby à 7, puis une pour l'équipe de France des moins de 20 ans en rugby à 7 et enfin une sélection pour l'Equipe de France Universitaire à 7 pour les Jeux Olympiques Universitaires de Kazan (Juillet 2013 Tatarstan). Pendant cette période de préparation, je me suis rendue plusieurs fois à Marcoussis. Durant les stages de U-20 ans, qui regroupaient les meilleurs joueurs de ma génération, encore une fois il fallait ailier performance et sérieux alors que j'étais dans un esprit de camaraderie.

Bref, j'ai loupé le coche pour l'Equipe de France à XV des U-20 ans.

L'équipe de Rugby Universitaire Paul Sabatier, fut ma bulle d'oxygène de ces 5 années, à XV, à 12, à 7 où j'ai pu vraiment retrouver l'esprit performance et camaraderie. Des Championnats de France aux Championnat d'Europe ce ne fut que du bonheur. Je n'oublierai pas la saison où nous avons été Championnes de France de Rugby à XV (Trophée Armelle Auclair) avec le Stade Toulousain Rugby Féminin.

À la suite de cette saison, l'adage " quand il n'y a plus le ballon, il reste les copains " prit tout son sens. Pendant toutes ces années, le rugby était une priorité dans laquelle je me suis engagée à 200%. Je n'ai pas réussi à être assez sérieuse et investie sur les événements importants. J'ai loupé certaines choses mais je n'ai pas de regret.

J'ai compris bien trop tard que l'investissement se faisait sur le terrain, pendant les entraînements et dans la vie de tous les jours. Je me suis réveillée et investie durant plus d'un an pour essayer de faire partie de l'Equipe de France Universitaire à 7 une dernière fois pour la Coupe du monde 2016, cela ne s'est pas fait.

Déçue et épuisée, j'ai donc fait le choix de partir en Nouvelle Zélande pour connaître le meilleur rugby du monde, surtout pour passer à autre chose suite à cet échec. »

Quelle surprise ? Quels changements?

« Je me suis retrouvée face à une réalité que je ne m'attendais pas à rencontrer. Un rugby féminin amateur, comme ce que j'ai pu connaître il y a 10 ans à Fonsorbes. Le Championnat est régional, autour de Wellington, avec au maximum 1h de route contrairement à une journée pour se déplacer à Lille.

Je joue dans l'équipe des « Ories », dans le championnat de rugby à XV. Le club est structuré d'une manière différente, les garçons ne sont pas professionnels (ou certains semi professionnel), les filles non plus.

Nous n'avons pas de préparateur physique, pas de kinésithérapeute ou de salle de musculation. Si tu veux être meilleur qu'hier, meilleur que les autres, c'est à toi de t'investir en payant ta salle de musculation, en travaillant avec un préparateur physique, et en étant sérieuse aux entraînements.

Les filles qui sont excellentes (elles le sont toutes dans mon équipes) ont accès à un préparateur physique, salle de musculation (6h à 8h) au travers de l'équipe de Wellington (celle de l’Union), qui est la sélection au-dessus des clubs, l'intermédiaire avant les Blacks Ferns. L'équipe nationale a donc la main mise sur ses meilleurs éléments.

Ton métier est en suspens ? Quel est-il précisément ?

Professionnellement parlant ce sont des notions clés qui m'ont dirigée vers l'APAS, telle que : individu pris en charge dans sa globalité, pour développer ses capacités, son adaptation, son bien être... J'aime pouvoir aider une personne à s'améliorer, à être en meilleure santé afin de pouvoir faire ce qu'il a envie de réaliser, d'une manière physique mais aussi psychologique. Le fait de croire en soi est quelque chose qui m'a manquée. Ne pas le comprendre assez tôt m'a fait passer à côté de certains événements, certaines relations et je ne le souhaite à personne.

J'ai envie que les gens avec qui je travaille puissent se dire " j'en suis capable car je le décide " et non pas " si j'étais comme ça, je pourrais faire cela ". L'individu doit être au cœur de ses actions pour être épanoui et non pas un observateur de sa vie.

Avant de partir, j'étais très épanouie professionnellement, j’adorais ce que je faisais.
J’ai accompli un service civique au sein du Comité Régional de la Fédération Sport Pour Tous, une action de bénévole dans le Club Cœur et Santé Tolosan (3ans) ; des pratiquants qui étaient un peu comme des grands parents.

J’ai aussi été entraîneur pour les filles U15 de Midi-Pyrénées et l'équipe 2 des U18 en coopération avec Sylvie Bros, l'entraîneur que j'avais eu plus jeune au sein des mêmes sélections. De plus j'avais en charge l'équipe de rugby féminin débutante de la Faculté Paul Sabatier de rugby à 7 réduit.

Ces activités professionnalisantes m'ont confortée dans le choix de ma future vie professionnelle, 2/3 d'APAS, 1/3 d'entraînement sportif et coaching. En venant en Nouvelle Zélande, je n'ai pas abandonné cette vocation de vouloir apporter quelque chose de plus à la vie des personnes. Je suis devenue entraîneur pour les U7 des Ories. Je passe du temps avec 3 personnes âgées de la maison de retraite du quartier où j’habite à Wellington. » 

Quelle a été ta progression de joueuse et comment as-tu bifurqué dans ton projet pour décider de partir en NZ ?

En équipe U-18 ans, j'étais une joueuse avec des qualités physiques de vitesse, d'évitement mais avec un bagage techniquement pauvre.  Avec ma force de détermination, j'avais envie d'attaquer chaque ballon et d'en récupérer un maximum. Le chocolat ne me faisait pas peur. La camaraderie avait beaucoup d'importance, mes coéquipières étaient ma seconde famille. Nous jouions le Championnat à 7, les grands espaces, l'intensité des matches, ça piquait clairement, mais l'esprit de camaraderie ainsi que l’ambiance bonne enfant donnait des ailes.

A plus de 18 ans, le début de la chute, de l'abandon, le rugby est une histoire d'Homme et je n'ai pas accroché avec mon entraîneur, ce qui a fait diminuer ma confiance en moi, donc ma performance.

Comment comprendre à 20 ans, que la baisse de ta performance est induite par un manque de confiance en soi ? J’ai senti que les entraîneurs prenaient cette perte de rendement sportif pour de l'arrogance ou du je-m-enfoutisme. J’ai perdu mes repères…

Tu as eu l’impression de ne pas être accompagnée ? Problème de compétence des entraîneurs ? Manque d’attention de ta part ? Découragement ?

En Pôle Espoir, nous avions des entraînements basés sur la technique du geste technique. J'ai découvert les coups de pieds rasants, les chandelles, les par-dessus la défense ou les drops, ce qui est très intéressant. Pour réussir ces gestes techniques, nous avions des entraînements de coordination / dissociation en amont, assez drôle quand on y repense le fameux " 1.2.3". Nous avons aussi abordé la technique de course.
Nous travaillions avec en tête la notion d'être meilleur qu'hier dans une recherche de perfection... Il y avait de très bons éléments et de fait, on se tirait la bourre. La partie de développement des qualités physiques n'a pas été mise de côté avec un travail d'endurance dans sa globalité.

Tous les mardis, aérobie, répétition de l'effort, Pma (Puissance maximale aérobie). Nous avions droit aussi à un ou deux passages en salle de musculation par semaine ; il s'agissait plus de renforcement durant les deux premières années. Puis la découverte des mouvements d'haltérophilie en troisième année. Pour ce qui est du travail tactique, nous avions rendez-vous les mercredis après-midi, et ce peu importe le temps, grand soleil, pluie, froid, neige ... cela forge le caractère.

Nos entraîneurs mettaient en place des situations différentes de jeu pour nous faire travailler les aspects tactiques.

En senior, je n'ai jamais retrouvé les appuis et la vitesse que j'avais plus jeune. La peur de mal faire m’a bloquée.

Ma perte de confiance les avaient enfouis au plus profond de moi. Je n'ai jamais retrouvé ce lien en club. Je n’avais plus le coach qui me permettait de croire en moi et de me surpasser comme à Paul Sabatier.

J'ai donc décidé de partir dans un nouveau pays, à la rencontre d'une nouvelle culture rugbystique, là où l'étiquette de jeune petite conne qui ne travaille pas ne me collerait pas à la peau.

Pour quel résultat intime après la surprise, alors que j’ai vu tes parties avec les Ories ?

Départ à zéro, ce qui a fonctionné. J'ai enchaîné les matches avec l'équipe première en étant décisive, enfin plus décisive qu'en France. Nous sommes invaincues pour le moment. À l'aube des phases finales, je recommence à croire en moi. L'échec n'est pas une montagne mais un tremplin pour recommencer et trouver le chemin de la réussite. J’ai compris.

Quelle est la vie d'une joueuse du ST ? Quelle est la forme d'entraînement ?  Les formes de jeu ? Les consignes d'apprentissage ? Le rôle du coach ? Les relations avec lui ?

La vie d'une joueuse du ST :

                   C'est comme partout, tu choisis de t'investir ou non. Tu t'entraines 3 fois par semaine sur le terrain de 20h à 21h30.  Tu te dois d'aller à la musculation 2 fois par semaine, et après tu as des options. Ti* le lundi, encadrée par le Stade Toulousain avec le staff des garçons (jeunes catégories). Personnellement je m'imposais une séance de Ti par semaine avec eux. Puis j'avais une séance spécifique avec ma préparateur physique du Stade Toulousain, Stéphanie FERRASSE en plus ; on travaillait sur la vitesse et l'évitement. Elle a tout fait pour me préparer pour les stages avant la Coupe du Monde Universitaire. J'ai eu la chance de travailler avec elle, qu'elle prenne le temps de s'investir avec moi. En jouant en Championnat Top 8, on faisait des longs trajets en bus, parfois on partait sur deux jours, donc les weekends c'était aussi rugby. Pour finir la semaine match le dimanche à 15h.

                   En tant que joueuse du Stade Toulousain, tu dois aussi assister aux soirées des partenaires, où tu vas à la rencontre des sponsors, des futurs sponsors. En général on y allait une fois par mois.
                   Nous sommes allées plusieurs fois au Centre Paul Dottin qui accueille des enfants malades pour l’animation de l’Association.

Forme d'entraînement :

                   Nous apprenons des routines d'échauffement pour les entraînements terrains en salle de musculation. Un tronc commun puis quelques minutes pour insister sur un groupe musculaire si on le souhaite. Du global au spécifique, Stéphanie cherchait constamment à individualiser. Je me suis très rarement blessée lorsqu’elle a commencé à travailler avec nous. L'été si on arrivait en avance, on se faisait un rugby à toucher avant les entraînements.
                   Le mardi les entraînements étaient axés sur le rugby, on partait d'une situation de match, puis on passait sur les exercices tactiques et techniques de la situation de match. On revenait sur du jeu collectif à la fin.
                   Le mercredi c'était préparation physique, ma partie préférée pendant 30//45 minutes. Très intense, à en vomir sous l’effort. Les exercices sont très ludiques. Stéphanie organisait ces séances de manière à ce que l'on travaille en groupe, personne n'était laissé de côté, on venait toujours chercher la dernière après s’être tiré la bourre. On finissait par du rugby sur les situations qu'on devait mettre en place pour notre match. On faisait souvent des oppositions aussi.
                   Le vendredi on avait une courte séance de vitesse 30 minutes maximum, puis une mise en place avec les entraîneurs 15/20 minutes, avec une répétition des combinaisons séparées avant / trois quarts, pour finir avec le « captain run ».

Forme de jeu :

                   « jeu de main jeu de toulousain ». On avait un plan de jeu global que l'on adaptait à chaque match. Le petit plus, c'est l'explication du plan de jeu complet en début d'année par Pierre Marty. Il me semble que le plan de jeu est le même au Stade Toulousain que chez les Ories.

Cependant, durant un match on voit que les filles Néozélandaises utilisent plus leur "magie", ce que nous pourrions appeler le « French flair » mais Néo-zélandais. En France le niveau Top 8 est plus serré, chaque match est dur. Ici tu essaies juste d'être meilleure qu'hier. L’équipe des Ories est une très bonne équipe, nous n'avons pas essuyé de défaite pour le moment. (Niveau d’engagement sévère, vitesse, adresse, volonté d’avoir le ballon, proposer du jeu, chaque fois très intéressant)

Consignes d'apprentissage :

                   Au cours de mes années seniors je n'ai pas appris grand-chose en fait, pendant un moment j'ai eu une coach incompétente selon moi. Et malheureusement, je ne sais pas faire semblant. Le ligne de trois quarts étaient très indépendante. Alors, on a beaucoup appris les unes avec les autres.

                   Pour les consignes d'apprentissage : les coaches ( Pierre Marty et Philippe Gleyze ) nous énonçaient l'exercice, puis nous le faisions afin de trouver nos propres solutions ; si nous n'y arrivions pas les coaches prenaient le temps de nous expliquer leurs attentes et de faire une démonstration.

Je n'ai pas eu le temps de créer des relations avec les entraîneurs. Ce sont deux personnes que j'apprécie. Lorsque je leur ai annoncé mon départ, l'un m'a encouragée, l'autre a essayé de me retenir.

Quelle est la vie de l'équipe des Ories? Comment as-tu apprécié ton arrivée en NZ ? Les différences qui t’ont marquées avec la France ?

                   différente dans la forme mais pas dans le fond. Il y a un esprit de communautarisme plus important qu’en France. Je veux dire par là, que toutes les équipes de rugby du club font la bringue ensemble, s'entraînent ensemble, les uns viennent voir les matches des autres. Le lundi, il y a une séance fitness, où chaque personne du club peut participer ; il y a des gens de tous les âges, de tous les sports. C'est vraiment intéressant.

                   En France, j'ai joué dans le même club pendant 8 ans. Certaines joueuses sont mes meilleures amies, d'autres de très bonnes copines Les bénévoles qui s'occupent de nous, en équipe première sont comme ma famille. À Toulouse les joueuses sont assez jeunes, elles viennent de toute la France. Notre famille est très souvent assez loin. Les joueuses deviennent vite une seconde famille. On fait tout ensemble, on mange, on joue à la pétanque, on va au ciné, on part en vacances... une vraie bande de potes.

                   L'aspect commun c'est cet esprit solidaire, famille qui est un bijou, l'un des piliers, ce pourquoi j'aime autant le rugby. Pour Noël, j'ai rejoint, une copine avec qui j'ai joué à Tahiti. Ici on te propose aussi de rester pour les fêtes et tu es super bien accueillie.  

                   Il me semble tout de même qu’en France pour les féminines nous sommes plus professionnels dans notre organisation. Nous avons à notre disposition plus de moyens : salle de musculation, Kinésithérapeute, Préparateur physique, et pour les déplacements bus ou avion pour un match.

Préparation du match :

Il faut savoir qu’ici nous jouons le samedi matin à 11h30 et non pas le dimanche à 15h. C'est une autre manière de jouer, de préparer un match. Nous avons rendez-vous à 10h15 pour jouer à 11h30. Les filles arrivent décontractées et parfois même en retard. La ponctualité n'est pas leur fort, cela est compensé par leur capacité à basculer dans la concentration en deux secondes. Après le match, nous ne prenons pas de douche, les troisièmes mi-temps sont très rares. On rejoint les garçons de temps en temps après leur match qui eux utilisent le club house.

Dans l’équipe, il n'y a pas de cohésion comme en France, où très souvent les coéquipières sont nos amis, avec lesquelles nous passons beaucoup de temps ensemble. Ici cela est une question d’affinité, plus ponctuel. Cependant les filles sont très accueillantes et bienveillantes, ce qui facilite la transition.

Quel a été le résultat de ton travail avec Raphaël ? Que t’a-t-il apportée de concret ?

                   Raphael m'a apporté une autre vision de la préparation physique. Il m'a permis de rester en forme et de performer toute la saison, ce que j'apprécie beaucoup. On a surtout travaillé sur mes capacités de vitesses, niveau moteur, niveau nerveux ce que je n'avais pas fait depuis longtemps. J'ai beaucoup aimé qu'il me mette en échec mais qu'il me pousse et m'accompagne pour que mon échec se transforme en réussite.

Quelles différences entre les filles du ST et celles des Ories. Quel niveau à ton avis ?

Cela je ne peux pas le qualifier. En France, il me semble que nous sommes plus tout : plus rapides, plus en forme, plus endurantes. Mais quand je vois les Ories, je me dis que leur talent, leur instinct de jeu est surdéveloppé. C'est impressionnant de jouer ici. J'aimerai avoir l'occasion de confronter ces deux équipes…

Merci Claire pour ce témoignage.


J’espère que tu vas pouvoir t’entraîner prochainement avec Wellington pour aller de nouveau au bout de tes qualités avec toute ta lucidité… Tu sais où sont tes responsabilités si tu veux jouer à ton meilleur niveau du moment. Va de l’avant celui de l’instant présent. «  Ici et maintenant », au rugby c’est là que t’attendent tes amies… samedi à midi !

Claire B. et Michel Prieu

Dernière minute:

Claire avec son équipes des Ories (Oriental-Rongotai) vient d'être championne de l'union du district de Wellington.

Elle est sélectionnée pour jouer le championnat avec les Lions de Wellington pour le championnat national.

Enorme satisfaction!





 

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