La surprise est à la fin...
Bonjour,
Ce
qui va suivre est un bout de l’histoire du rugby de France et de celui de
Nouvelle Zélande vue au contact d’une jeune joueuse rencontrée par hasard.
Quand je dis hasard, je n’y crois pas un seul instant ni pour elle (elle ne le
sait pas) ni pour moi.
Venant
ici dans le but de comprendre, je suis étonné et je vous donne le change de
vous transmettre tout ce que je peux trouver. Je ne suis pas encore à la moitié
du voyage et chaque jour m’apporte des informations complémentaires pour
préciser tout ce que j’ai déjà abordé.
J’ai
eu plaisir à entrer dans mes recherches par le haut en étant aimablement reçu à
la WRU. Puis je suis descendu dans les
étages pour voir comment jouait la base du rugby de ce pays.
En
chemin à Wellington, j’ai rencontré un article sur un jeune homme qui travaille
comme analyste de la performance chez les Hurricanes. Pas question de passer à
côté, sans lui parler. Intimidé, le jeune homme est charmant en plus d’être
compétent. Dès notre premier dîner il a montré qui il était. Dans la
conversation initiale il a parlé d’une copine de Toulouse qui joue dans une
équipe de rugby réputée d’ici à Rongotai…
Nous
avons connu Claire au Musée Te Papa Tongarewa qui nous éclaire sur la vie
originale de la vie de Nouvelle Zélande. Le rugby, c’est bien mais il n’y a pas
que ça dans ce pays !
Au
moment où nous l’avons vue, j’en étais à penser que le rugby de ce pays nous
éclairait grandement sur la vie des gens. Fouiller dans la vie des clubs pour
en comprendre l’organisation et leur manière de fonctionner allait brusquement
bifurquer.
Ils
allaient pouvoir parler de l’intérieur des arcanes secrètes des joueurs et des
préparateurs. Le grand principe de ce pays c’est que les joueurs jouent, les
entraîneurs entraînent, les dirigeants dirigent. Imaginer que les préparateurs
préparent ne fut qu’un pas.
Sauf
que Raphaël me fit remarquer « que le coach principal attendait des
joueurs au top de leurs performances chaque samedi ». Qu’ils soient en
équipe AB ou pas. D’autre part que c’était la première année qu’ils avaient
fait appel à un « sport analyst ». Ils se sont aussi assuré dans le
même temps les services d’une psychologue-préparateur mental… Le progrès
toujours le progrès pas une innovation.
Raphaël
nous a dit avoir proposé à Claire de l’aider à se préparer. J’ai pensé, Quinconces
de mon cœur, que les témoignages de Raphaël et de Claire pourraient enrichir
les informations recueillies et donner plus de corps à notre débat.
Pour
Raphaël c’est fait.
Voici
maintenant celui de Claire où j’ai pris plaisir à me mettre dans la peau de
Richard Escot. J’ai proposé à Claire de lui poser des questions sur sa jeune
carrière. Le but n’est pas innocent ni pour nous ni pour elle. J’ai senti
qu’elle avait besoin de faire le point. J’avais envie de l’y aider.
Pas
tout à fait brut mais vrai.
Claire,
je viens de te voir jouer. Ce que j’ai vu de ton équipe et de toi-même m’a plu
vraiment et pour tout dire étonné. Je voudrais que tu m’éclaires sur le chemin
qui t’a amenée ici, loin de chez toi, alors que ton talent aurait pu te laisser
à Toulouse. Mais je ne sais pas tout, j’aimerai si tu en es d’accord que tu me
dise comment cela est arrivé.
J'aimerais
d'abord que tu traces ton parcours personnel, comment tu es tombée dans le
rugby, comment se sont passées tes études et quel était ton projet
professionnel ?
«
C’est un double projet :
⁃ Aujourd'hui,
il est évident que
le rugby est une histoire d'Homme, fait de rencontres. J'ai commencé au collège en classe d'éducation physique et
sportive. Les actions de ce sport m'ont tout de suite attirée, le jeu
collectif, le fait de mettre ces actions au profit des autres, le contact, ou
encore les grandes courses... Puis les copains, les copines, le fait de pouvoir
se dépenser tout en s'amusant avec pour mot d'ordre : saisir chaque opportunité
ou encore transformer toutes tes actions en opportunité. Mon professeur d'éducation
physique et sportive a été le départ de cette grande aventure, Mr Beudaert. À
la fin de mon collège, il m'a encouragée à faire les tests d'entrée pour le Pôle
Espoir Rugby de Toulouse. Il m'a même accompagnée jusqu’à Toulouse, avec trois
autres de mes copines.
⁃ La
deuxième partie de l'aventure correspond à mes années du lycée. En internat durant la semaine, combinant
entraînement et études puis en famille d'accueil le weekend.
Le vrai début du
double projet, (enfin sans se mentir) pas la première année.
J'étais plus là pour m’amuser et rigoler, je
suis arrivée la même année que de sacrés numéros. Durant cette année, je suis
passée de 4h de rugby à plus de 10h par semaine. Le Pôle Espoir nous fait
travailler pour développer nos compétences physiques, techniques et la vision
du jeu. Nous avions essentiellement 2 intervenants Christian Orditz et Sylvie
Bros. Le weekend c'était direction Fonsorbes, le club à l'ancienne, amateur,
avec des valeurs familiales importantes, le club était vraiment soudé. Ayant
quitté ma famille à l'âge de 16 ans, j'ai vite fait de retrouver de nouveaux
repères, de nouveaux exemples et surtout des filles qui maintenant sont mes
amies. Un entraîneur, Martial Coutin, pendant deux ans qui nous a poussées à
nous dépasser ensemble mais encore une fois en mettant les individus au service
de l'équipe. Deux années très riches, deux titres de Championne de France.
J'adorais ce championnat, le rugby à 7. En équipe de moins de 18 ans, nous
avions les sélections Midi-Pyrénées, je m’y suis régalée et de même que dans
les tournois avec Grand Sud où je pouvais allier performance et colonie de vacances.
Dans
le même temps préparer un bac « ES option SES » obtenu difficilement avant
de prendre la direction de la faculté Paul Sabatier.
Deux
autres éducateurs, Olivier Baragnon, Albert Cigagna, qui m'ont aussi beaucoup
apporté et fait grandir. Ils ont très vite compris que j'étais arrivée en STAPS
parce que j'aimais juste le sport, ils ont pris le temps de travailler avec moi
sur mon double projet pour que je puisse m'orienter vers la filière Activité
Physique Adaptée à La Santé. J'ai donc trouvé ma profession, sans abandonner le
rugby.
J'ai
réussi à accrocher une sélection pour l'équipe de France de rugby à 7, puis une
pour l'équipe de France des moins de 20 ans en rugby à 7 et enfin une sélection
pour l'Equipe de France Universitaire à 7 pour les Jeux Olympiques
Universitaires de Kazan (Juillet 2013 Tatarstan). Pendant cette période de
préparation, je me suis rendue plusieurs fois à Marcoussis. Durant les stages
de U-20 ans, qui regroupaient les meilleurs joueurs de ma génération, encore
une fois il fallait ailier performance et sérieux alors que j'étais dans un
esprit de camaraderie.
Bref,
j'ai loupé le coche pour l'Equipe de France à XV des U-20 ans.
L'équipe
de Rugby Universitaire Paul Sabatier, fut ma bulle d'oxygène de ces 5 années, à
XV, à 12, à 7 où j'ai pu vraiment retrouver l'esprit performance et
camaraderie. Des Championnats de France aux Championnat d'Europe ce ne fut que
du bonheur. Je n'oublierai pas la saison où nous avons été Championnes de France
de Rugby à XV (Trophée Armelle Auclair) avec le Stade Toulousain Rugby Féminin.
À
la suite de cette saison, l'adage " quand il n'y a plus le ballon, il
reste les copains " prit tout son sens. Pendant toutes ces années, le rugby
était une priorité dans laquelle je me suis engagée à 200%. Je n'ai pas réussi
à être assez sérieuse et investie sur les événements importants. J'ai loupé
certaines choses mais je n'ai pas de regret.
J'ai
compris bien trop tard que l'investissement se faisait sur le terrain, pendant
les entraînements et dans la vie de tous les jours. Je me suis réveillée et
investie durant plus d'un an pour essayer de faire partie de l'Equipe de France
Universitaire à 7 une dernière fois pour la Coupe du monde 2016, cela ne s'est
pas fait.
Déçue et épuisée, j'ai donc fait le choix de partir en
Nouvelle Zélande pour
connaître le meilleur rugby du monde, surtout pour passer à autre chose suite à
cet échec. »
Quelle
surprise ? Quels changements?
« Je
me suis retrouvée face à une réalité que je ne m'attendais pas à rencontrer. Un
rugby féminin amateur, comme ce que j'ai pu connaître il y a 10 ans à
Fonsorbes. Le Championnat est régional, autour de Wellington, avec au maximum
1h de route contrairement à une journée pour se déplacer à Lille.
Je
joue dans l'équipe des « Ories », dans le championnat de rugby à XV.
Le club est structuré d'une manière différente, les garçons ne sont pas
professionnels (ou certains semi professionnel), les filles non plus.
Nous
n'avons pas de préparateur physique, pas de kinésithérapeute ou de salle de
musculation. Si tu veux être meilleur qu'hier, meilleur que les autres, c'est à
toi de t'investir en payant ta salle de musculation, en travaillant avec un préparateur
physique, et en étant sérieuse aux entraînements.
Les
filles qui sont excellentes (elles le sont toutes dans mon équipes) ont accès à
un préparateur physique, salle de musculation (6h à 8h) au travers de l'équipe
de Wellington (celle de l’Union), qui est la sélection au-dessus des clubs,
l'intermédiaire avant les Blacks Ferns. L'équipe nationale a donc la main mise
sur ses meilleurs éléments.
Ton métier est
en suspens ? Quel est-il précisément ?
Professionnellement
parlant ce sont des notions clés
qui m'ont dirigée vers l'APAS, telle que : individu pris en charge dans sa
globalité, pour développer ses capacités, son adaptation, son bien être... J'aime
pouvoir aider une personne à s'améliorer, à être en meilleure santé afin de
pouvoir faire ce qu'il a envie de réaliser, d'une manière physique mais aussi
psychologique. Le fait de croire en soi est quelque chose qui m'a manquée. Ne
pas le comprendre assez tôt m'a fait passer à côté de certains événements,
certaines relations et je ne le souhaite à personne.
J'ai
envie que les gens avec qui je travaille puissent se dire " j'en suis
capable car je le décide " et non pas " si j'étais comme ça, je
pourrais faire cela ". L'individu doit être au cœur de ses actions pour
être épanoui et non pas un observateur de sa vie.
Avant
de partir, j'étais très épanouie professionnellement, j’adorais ce que je
faisais.
J’ai
accompli un service civique au sein du Comité Régional de la Fédération Sport
Pour Tous, une action de bénévole dans le Club Cœur et Santé Tolosan (3ans) ;
des pratiquants qui étaient un peu comme des grands parents.
J’ai
aussi été entraîneur pour les filles U15 de Midi-Pyrénées et l'équipe 2 des U18
en coopération avec Sylvie Bros, l'entraîneur que j'avais eu plus jeune au sein
des mêmes sélections. De plus j'avais en charge l'équipe de rugby féminin
débutante de la Faculté Paul Sabatier de rugby à 7 réduit.
Ces
activités professionnalisantes m'ont confortée dans le choix de ma future vie
professionnelle, 2/3 d'APAS, 1/3 d'entraînement sportif et coaching. En venant
en Nouvelle Zélande, je n'ai pas abandonné cette vocation de vouloir apporter
quelque chose de plus à la vie des personnes. Je suis devenue entraîneur pour
les U7 des Ories. Je passe du temps avec 3 personnes âgées de la maison de
retraite du quartier où j’habite à Wellington. »
Quelle a été ta
progression de joueuse et comment as-tu bifurqué dans ton projet pour décider
de partir en NZ ?
En
équipe U-18 ans, j'étais une
joueuse avec des qualités physiques de vitesse, d'évitement mais avec un bagage
techniquement pauvre. Avec ma force de
détermination, j'avais envie d'attaquer chaque ballon et d'en récupérer un
maximum. Le chocolat ne me faisait pas peur. La camaraderie avait beaucoup
d'importance, mes coéquipières étaient ma seconde famille. Nous jouions le Championnat
à 7, les grands espaces, l'intensité des matches, ça piquait clairement, mais
l'esprit de camaraderie ainsi que l’ambiance bonne enfant donnait des ailes.
A
plus de 18 ans, le début de la chute, de l'abandon, le rugby est une histoire
d'Homme et je n'ai pas accroché avec mon entraîneur, ce qui a fait diminuer ma
confiance en moi, donc ma performance.
Comment
comprendre à 20 ans, que la baisse de ta performance est induite par un manque
de confiance en soi ? J’ai senti que les entraîneurs prenaient cette perte
de rendement sportif pour de l'arrogance ou du je-m-enfoutisme. J’ai perdu mes
repères…
Tu as eu
l’impression de ne pas être accompagnée ? Problème de compétence des
entraîneurs ? Manque d’attention de ta part ? Découragement ?
En
Pôle Espoir, nous avions des entraînements basés sur la technique du geste
technique. J'ai découvert les coups de pieds rasants, les chandelles, les
par-dessus la défense ou les drops, ce qui est très intéressant. Pour réussir
ces gestes techniques, nous avions des entraînements de coordination /
dissociation en amont, assez drôle quand on y repense le fameux "
1.2.3". Nous avons aussi abordé la technique de course.
Nous
travaillions avec en tête la notion d'être meilleur qu'hier dans une recherche
de perfection... Il y avait de très bons éléments et de fait, on se tirait la
bourre. La partie de développement des qualités physiques n'a pas été mise de
côté avec un travail d'endurance dans sa globalité.
Tous
les mardis, aérobie, répétition de l'effort, Pma (Puissance maximale aérobie).
Nous avions droit aussi à un ou deux passages en salle de musculation par
semaine ; il s'agissait plus de renforcement durant les deux premières
années. Puis la découverte des mouvements d'haltérophilie en troisième année.
Pour ce qui est du travail tactique, nous avions rendez-vous les mercredis
après-midi, et ce peu importe le temps, grand soleil, pluie, froid, neige ...
cela forge le caractère.
Nos
entraîneurs mettaient en place des situations différentes de jeu pour nous
faire travailler les aspects tactiques.
En
senior, je n'ai jamais retrouvé les appuis et la vitesse que j'avais plus jeune.
La peur de mal faire m’a bloquée.
Ma
perte de confiance les avaient enfouis au plus profond de moi. Je n'ai jamais
retrouvé ce lien en club. Je n’avais plus le coach qui me permettait de croire
en moi et de me surpasser comme à Paul Sabatier.
J'ai
donc décidé de partir dans un nouveau pays, à la rencontre d'une nouvelle
culture rugbystique, là où l'étiquette de jeune petite conne qui ne travaille
pas ne me collerait pas à la peau.
Pour quel
résultat intime après la surprise, alors que j’ai vu tes parties avec les
Ories ?
Départ
à zéro, ce qui a fonctionné. J'ai enchaîné les matches avec l'équipe première
en étant décisive, enfin plus décisive qu'en France. Nous sommes invaincues
pour le moment. À l'aube des phases finales, je recommence à croire en moi. L'échec
n'est pas une montagne mais un tremplin pour recommencer et trouver le chemin
de la réussite. J’ai compris.
Quelle est la
vie d'une joueuse du ST ? Quelle est la forme d'entraînement ? Les formes de jeu ? Les consignes
d'apprentissage ? Le rôle du coach ? Les relations avec lui ?
La vie d'une joueuse du ST :
⁃ C'est
comme partout, tu choisis de t'investir ou non. Tu t'entraines 3 fois par
semaine sur le terrain de 20h à
21h30. Tu te dois d'aller à la musculation 2 fois par semaine, et après tu as des options. Ti* le lundi, encadrée
par le Stade Toulousain avec le staff des garçons (jeunes catégories).
Personnellement je m'imposais une séance de Ti par semaine avec eux. Puis
j'avais une séance spécifique avec ma préparateur physique du Stade Toulousain,
Stéphanie FERRASSE en plus ; on travaillait sur la vitesse et l'évitement.
Elle a tout fait pour me préparer pour les stages avant la Coupe du Monde Universitaire.
J'ai eu la chance de travailler avec elle, qu'elle prenne le temps de
s'investir avec moi. En jouant en Championnat Top 8, on faisait des longs
trajets en bus, parfois on partait sur deux jours, donc les weekends c'était
aussi rugby. Pour finir la semaine match le dimanche à 15h.
⁃ En
tant que joueuse du Stade Toulousain, tu dois aussi assister aux soirées des partenaires, où tu vas à la rencontre des sponsors, des futurs
sponsors. En général on y allait une fois par mois.
⁃ Nous
sommes allées plusieurs
fois au Centre Paul Dottin qui accueille des enfants malades pour l’animation
de l’Association.
Forme d'entraînement :
⁃ Nous
apprenons des routines d'échauffement
pour les entraînements
terrains en salle de musculation. Un tronc commun puis quelques minutes pour
insister sur un groupe musculaire si on le souhaite. Du global au spécifique,
Stéphanie cherchait constamment à individualiser. Je me suis très rarement
blessée lorsqu’elle a commencé à travailler avec nous. L'été si on arrivait en
avance, on se faisait un rugby à toucher avant les entraînements.
⁃ Le
mardi les entraînements étaient axés sur le rugby, on partait d'une
situation de match, puis on passait sur les exercices tactiques et techniques
de la situation de match. On revenait sur du jeu collectif à la fin.
⁃ Le
mercredi c'était
préparation physique, ma partie préférée
pendant 30//45 minutes. Très intense, à en vomir sous l’effort. Les exercices
sont très ludiques.
Stéphanie organisait ces séances de manière à ce que l'on travaille en groupe,
personne n'était laissé de côté, on venait toujours chercher la dernière après
s’être tiré la bourre. On finissait par du rugby sur les situations qu'on devait
mettre en place pour notre match. On faisait souvent des oppositions aussi.
⁃ Le
vendredi on avait une courte séance
de vitesse 30 minutes maximum, puis une mise en place avec les entraîneurs 15/20 minutes, avec une répétition
des combinaisons séparées avant / trois quarts, pour finir avec le
« captain run ».
Forme de jeu :
⁃ « jeu
de main jeu de toulousain ». On avait un plan de jeu global que l'on
adaptait à chaque match.
Le petit plus, c'est l'explication du plan de jeu complet en début d'année par Pierre Marty. Il me semble que le
plan de jeu est le même au Stade Toulousain que chez les Ories.
Cependant,
durant un match on voit que les filles Néozélandaises utilisent plus leur
"magie", ce que nous pourrions appeler le « French flair »
mais Néo-zélandais. En France le niveau Top 8 est plus serré, chaque match est
dur. Ici tu essaies juste d'être meilleure qu'hier. L’équipe des Ories est une
très bonne équipe, nous n'avons pas essuyé de défaite pour le moment. (Niveau d’engagement sévère, vitesse, adresse, volonté
d’avoir le ballon, proposer du jeu, chaque fois très intéressant)
Consignes d'apprentissage :
⁃ Au
cours de mes années seniors
je n'ai pas appris grand-chose en fait, pendant un moment j'ai eu une coach
incompétente selon moi. Et malheureusement, je ne sais pas faire semblant. Le
ligne de trois quarts étaient très indépendante. Alors, on a beaucoup appris
les unes avec les autres.
⁃ Pour
les consignes d'apprentissage : les coaches ( Pierre Marty et Philippe Gleyze )
nous énonçaient l'exercice, puis nous le faisions afin de trouver nos propres
solutions ; si nous n'y arrivions pas les coaches prenaient le temps de
nous expliquer leurs attentes et de faire une démonstration.
Je
n'ai pas eu le temps de créer des relations avec les entraîneurs. Ce sont deux
personnes que j'apprécie. Lorsque je leur ai annoncé mon départ, l'un m'a
encouragée, l'autre a essayé de me retenir.
Quelle est la
vie de l'équipe des Ories? Comment as-tu apprécié ton arrivée en NZ ?
Les différences qui t’ont marquées avec la France ?
⁃ différente dans la forme mais pas dans le fond.
Il y a un esprit de communautarisme plus important qu’en France. Je veux dire
par là, que toutes les équipes de rugby du club font la bringue ensemble,
s'entraînent ensemble, les uns viennent voir les matches des autres. Le lundi,
il y a une séance fitness, où chaque personne du club peut participer ; il
y a des gens de tous les âges, de tous les sports. C'est vraiment intéressant.
⁃ En
France, j'ai joué dans le même club pendant 8 ans. Certaines joueuses sont
mes meilleures amies, d'autres de très
bonnes copines Les bénévoles qui s'occupent de nous, en équipe première sont comme ma famille. À Toulouse les joueuses sont assez jeunes,
elles viennent de toute la France. Notre famille est très souvent assez loin.
Les joueuses deviennent vite une seconde famille. On fait tout ensemble, on
mange, on joue à la pétanque, on va au ciné, on part en vacances... une vraie
bande de potes.
⁃ L'aspect
commun c'est cet esprit solidaire, famille qui est un bijou, l'un des piliers,
ce pourquoi j'aime autant le rugby. Pour Noël, j'ai rejoint, une copine avec
qui j'ai joué à Tahiti. Ici on te propose aussi de rester pour les fêtes et tu
es super bien accueillie.
⁃ Il
me semble tout de même qu’en France pour les féminines nous sommes plus
professionnels dans notre organisation. Nous avons à notre disposition plus de moyens : salle
de musculation, Kinésithérapeute, Préparateur physique, et pour les
déplacements bus ou avion pour un match.
Préparation du match :
Il
faut savoir qu’ici nous jouons le samedi matin à 11h30 et non pas le dimanche à
15h. C'est une autre manière de jouer, de préparer un match. Nous avons rendez-vous
à 10h15 pour jouer à 11h30. Les filles arrivent décontractées et parfois même
en retard. La ponctualité n'est pas leur fort, cela est compensé par leur
capacité à basculer dans la concentration en deux secondes. Après le match,
nous ne prenons pas de douche, les troisièmes mi-temps sont très rares. On
rejoint les garçons de temps en temps après leur match qui eux utilisent le
club house.
Dans
l’équipe, il n'y a pas de cohésion comme en France, où très souvent les coéquipières
sont nos amis, avec lesquelles nous passons beaucoup de temps ensemble. Ici
cela est une question d’affinité, plus ponctuel. Cependant les filles sont très
accueillantes et bienveillantes, ce qui facilite la transition.
Quel a été le
résultat de ton travail avec Raphaël ? Que t’a-t-il apportée de concret ?
⁃ Raphael
m'a apporté une autre
vision de la préparation
physique. Il m'a permis de rester en forme et de performer toute la saison, ce
que j'apprécie
beaucoup. On a surtout travaillé sur mes capacités de vitesses, niveau moteur,
niveau nerveux ce que je n'avais pas fait depuis longtemps. J'ai beaucoup aimé
qu'il me mette en échec mais qu'il me pousse et m'accompagne pour que mon échec
se transforme en réussite.
Quelles différences
entre les filles du ST et celles des Ories. Quel niveau à ton avis ?
Cela
je ne peux pas le qualifier. En France, il me semble que nous sommes plus tout
: plus rapides, plus en forme, plus endurantes. Mais quand je vois les Ories,
je me dis que leur talent, leur instinct de jeu est surdéveloppé. C'est
impressionnant de jouer ici. J'aimerai avoir l'occasion de confronter ces deux
équipes…
Merci
Claire pour ce témoignage.
J’espère
que tu vas pouvoir t’entraîner prochainement avec Wellington pour aller de
nouveau au bout de tes qualités avec toute ta lucidité… Tu sais où sont tes
responsabilités si tu veux jouer à ton meilleur niveau du moment. Va de l’avant
celui de l’instant présent. « Ici et maintenant », au rugby c’est là
que t’attendent tes amies… samedi à midi !
Claire B. et Michel Prieu
Dernière minute:
Claire avec son équipes des Ories (Oriental-Rongotai) vient d'être championne de l'union du district de Wellington.
Elle est sélectionnée pour jouer le championnat avec les Lions de Wellington pour le championnat national.
Enorme satisfaction!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire