Translate

1 - Premiers pas dans la brume et le froid (24 juin 2017)


En tombant à Auckland l'avion nous a laissé sur un tarmac trempé. Séoul c'était encore l'été et sans automne nous voilà en hiver.

Pourquoi venir ici en hiver? Le rugby d'été n'existe pas, peut-être faudra-t-il l'inventer pour réaménager un vrai calendrier professionnel pour enfin favoriser le jeu. Le rugby d'hiver est dans sa vérité. Le frimas impose au joueur une dextérité, une foi qui ne trompe pas. 

La boue, le froid distille une contrainte que l'équipe doit dépasser, des conditions qui trempent le caractère de chaque joueur. Faut-il souffrir pour devenir bon ? Au moins prendre conscience qu'il faut travailler pour manier le ballon avec la vitesse qui fait la feinte, l'écart et le succès.

Samedi à Wellington , c'est jour de rugby. All Blacks et Lions vont jouer à mythique Eden Parc d'Auckland, mais cet après midi les amateurs vont jouer la Jubilee Cup. Je ne sais pas encore ce qu'elle représente mais je veux sentir ce qu'est le parfum d'un club de banlieue.

J'irai à Petone, bourgade au fond de la magnifique baie de Wellington. J'habite pour quelques jours à côté. 

Vous ne savez pas encore, mais ma chance ne m'a jamais lâché depuis que je suis né, encore aujourd'hui elle m'a souri. Arrivé sur le pré, quatre terrains sont animés. Au fond les équipes premières sur le terrain d'honneur devant la tribune sont à l'échauffement. Décor champêtre du monde entier.

Pétone est plus fringant. Joueurs élancés peu de maoris. De la Petone est en fait un terrain historique. Le rugby a été introduit en Nouvelle-Zélande par Charles John Monro à la fin des années 1860. Monro avait découvert le rugby pendant ses études au Christ's College Finchley, en Angleterre. Le premier match de rugby en Nouvelle-Zélande s'est déroulé le 12 septembre 1870.  Il a opposé les équipes de Nelson et de Wellington justement dans la petite cité de Petone.

Je suis venu au match sans idée arrêtée. J'ai réussi à obtenir hier un premier billet pour le match Hurricanes/Lions de mardi, mais toujours pas pour le test match de samedi prochain. Avec le sponsoring et le merchandising pas facile d'obtenir un billet esseulé. Le package fait loi.

Avant de partir j'ai pris quelques précautions. J'ai dévoré "Rugby Land", amicalement dédicacé par Richard Escot, et suivi pas à pas Ian Borthwick dans sa description "All Black au cœur de la magie noire". Celui de Richie est un hymne à la culture Maori, profond et direct sans concession sur la vie des deux îles voisines. Il m'a donné ainsi l'angle de vue de ma longue tournée. Merci encore Richie.

Ian donne des pistes à consulter. Entre les lignes j'ai vu mes dadas s'incruster. Je vais essayer de les relier pour témoigner au plus près de la réalité que je trouverai. Je pensais à tout ça dans le froid des tribunes au moment où les matches des jeunes se sont terminés. Je venais de décider d'écrire ce blog pour les amateurs de rugby tellement ce jeu ici fait partie de la vie.

Pourquoi vous dis-je cela ? Parce que quand j'ai posé une question à quelqu'un sur le sujet, hôtesse ou personne dans la rue, la réponse a été instantanée. La tournée des Lions met le pays en émoi complet. Les installations de Frank Kitts Park de Wellington pour la fan zone sont toutes colorées au couleurs des équipes...Les journaux titrent sur les joueurs et les propos de coaches. Warren Gatland doit donner des détails, les paris sont ouverts...


A Petone on n'en est pas là, mais froid ou pas les joueurs s'échauffent avec sérieux. Devant moi Wainiuomata. District voisin de Petone, le match est un derby. L'équipe rayée noire et verte à ce que je vois est composée de maoris avec deux joueurs d'allure européenne. Je trouve les joueurs un peu lourds mais adroits. Le coach mène ses troupes avec rapidité, décontracté short et maillot légers, bob sur le nez. Peu d'erreurs de mains, du rythme.vivacité sur les exercices, des ratés au pied...Inconsciemment j'ai parié pour les joueurs locaux...

Il ne pleut plus mais tout est trempé en peu de temps les maillots sont crottés. Match clair et engagé des erreurs de mains, défenses serrées. Passes courtes, pas d'envolée. Les bleus de Petone sont beaucoup plus empruntés que je ne prévoyais. En fait les maoris sont au fur et à mesure de la partie plus dynamiques. Petone rate ses coups de pied placés et à la fin se fait manger. 

Le public nombreux venu de Wainuiomata et repart content. En tête j'ai un plan.

Mes amis m'ont envoyé les références des collèges, des clubs amateurs et des franchises de Wellington, Christchurch, Dunedin, Auckland et même de la Fédération. Mon discours est prêt, je vais les contacter.

Prendre un thé et attendre le match d'Aukland. Grand écran, à l'hôtel au milieu des anglais. Pas de jeunes, pas de cris, des gens enjoués. Certains bariolés, j'en ris toujours, je pense qu'il faut être gonflé, j'apprécie , je ne saurai pas le faire.

Match de roi qui me laisse pantois. Malgré les menaces les rugissements intermittents, les All Blacks déroulent leur savoir. Début emprunté mais la suite enlevée. Des passes courtes à toute vitesse. Des joueurs lancés.  

les Lions en place pour résister. Ils défendent âprement paraissent un peu plus lourds moins fringants. 

Le rythme me paraît hallucinant. les mêlées sont propres, respectent les canons. Celle des all Blacks moins lourde est bien préparée. Elle est dynamique ne s'en laisse pas compter. Ce qui me frappe c'est l'activité de la seconde ligne. Ben smith blessé nous prive du travail d'ouverture de Barrett, chef d'orchestre Hurricanes. Au pied il est présent. Hansen a fait un choix gagnant en choisissant Ioane. Deux essais pour le remercier.

Que retenir des Lions? Moins d'explosivité, un peu plus lourds, moins de vivacité dans les passes. Moins de jeu debout. Généreux jusqu'à la fin du match pour ne rien abandonner, n'avoir aucun regret. Sortir avec honneur, garder sa fierté. J'aime cette attitude, je l'envie aux britanniques. 

Que retenir en résumé: Le rythme et les passes à grande vitesse avec le jouer au soutien. Le second test match va être de toute beauté...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Au pays du rugby

La Nouvelle Zélande m'intrigue, pas une nouveauté. Christchurch m'a fasciné l'an dernier, comme une ville tremblante de vérit...