Translate

27 - France U-20: Quel exemple! (17 juin 2018)

La semaine dernière j’ai envoyé un petit mot à mes amis néozélandais pour leur dire de ne pas prendre au pied de la lettre l’équipe que la FFR avait envoyée. D’être indulgents au moment de nous juger le premier match terminé…

J’ai vu le match et ceux de cette semaine aussi, les petits et les réserves barbares. J’ai écouté les commentaires des journaux et des amis des Quinconces. Lu ce matin les souvenirs de Jean Michel Aguirre sur la victoire du 14 juillet 1979 à l’Eden Park d’Auckland.

Il va sans dire que les tournées d’aujourd’hui ne sont plus les épopées d’hier. Il y avait un temps pour former une équipe et endurer mille tourments. Aujourd’hui nous n’avons plus le temps, tout simplement nous avons décidé tous autant que nous sommes de ne pas le prendre.

Le temps effectivement cela se prend. Prendre le temps cela permet de « faire quelque chose de bien ou de se taire » (Proverbe espagnol trouvé dernièrement en plein champ à la sortie de Salamanca). Le temps de réfléchir aux raclées encaissées depuis des années en tournoi ou en tournées. Les coaches se sont succédés et il est facile de constater que le jeu de l’EDF n’a pas progressé pour nous redonner un semblant de légitimité. Le match de la semaine dernière  à Auckland nous a montré que nous jouions en deuxième division.

Et les mêmes causes créent les mêmes effets. Joueurs et staff se raccrochent aux branches sans s’ouvrir à la réalité. La réalité d’un rugby professionnel qui n'a pas bien tourné tourné.

Preuve en est donnée par les jeunes U20 qui ne sont pas encore tout à fait formés et conservent cette identité du jeu français pas encore dénaturé.

Mes observations du jeu de l’hémisphère Nord et de celui du Sud montrent une différence importante pour une même équation : Energie=Puissance x intervalle de temps. 

Pourquoi l’énergie ?  Parce que le jeu est énergie, les joueurs sont énergie, les idées donnent aussi l’énergie, l’univers est énergie.

Les stratégies divergent selon les hémisphères pour adapter l’équation qui réussit. Le Nord joue la puissance sur la masse quand le sud privilégie la vitesse. Le Nord prend l’intervalle de temps sur la durée et les intervalles de temps longs, le forcing à une seule passe. Le Sud s’accapare le temps court pour affronter le minimum de l’espace d’intervalle. Attaque et défense ne sont que des transformations dans l’espace. Les stratèges savent intuitivement qu’il faut du temps pour déplacer des masses.

Ceci étant posé on voit que les Britanniques et les Irlandais ont fait des choix et que nous n’avons pas encore décidé. D’autres français l’ont fait et tutoient le toit du monde, le handball est le phare qui nous est envié par les pays du monde entier.

Le monde du rugby ne comprend plus bien le terme identité. Dans nos plaintes des Quinconces nous abordons tous les sujets. Il est clair pour les abonnés de Côté Ouvert que la philosophie du jeu de rugby c’est aussi la vie. Les britanniques l’ont compris, les Irlandais aussi, australiens, sud-africains et néozélandais en ont fait un label. Les argentins reviennent sur le sujet ; en voulant trop ressembler à ce qu’ils ne sont pas ils perdent plus souvent qu’ils ne gagnent. La LNR a produit un concept Top 14 erroné dont le métissage international ne  convient pas à l'Equipe Nationale.

Les choix économiques établis au moment du professionnalisme en 1995 se sont faits sur le modèle du football. Ce n’est pas le meilleur des choix surtout que peu de dirigeants aimaient suffisamment la philosophie du sport pour comprendre comment fonctionne vraiment le monde du foot.

Le rugby a besoin d’un projet, de solidarité, de connivence, d’amitié pour exister. Former ou forger une équipe n’est pas rien à réaliser. On voit comment le plus petit village se bat pour exister, les luttes de chapelles ont dessiné les plus grandes bagarres sur de nombreux prés.

L’équipe de France de rugby est le fleuron de notre identité. Son existence internationale crée une envie chez les enfants et leurs parents. C’est un creuset du désir de jouer à son tour. Une graine que l’on plante un jour et que l’on ne cesse d’arroser pour entretenir le cycle de vie.

Le projet professionnel avait besoin de prendre en compte l’émergence du Rugby à 7 comme compagnon de développement. Certains me diront que ce n’est pas le même jeu.  Je leur dirai que dans la cours de récréation ou à Treignac on joue à 2 contre un ou trois contre quatre. Cela apprend au moins à faire des passes et donner le sourire même à ceux qui regardent. Ensuite pour changer de jeu il s’agit simplement de changer d’intention.

Le rugby à 7 est sport olympique et nous sommes aussi largués qu’au jeu à XV.

Nous évoquons souvent la formation et ses lacunes. Pourtant au plan international du rugby chez les jeunes nous sommes au moins présents en demi-finale depuis bien longtemps, même quand l’équipe 1 est en perdition.

C’est bien la transition entre 19 et 24 ans qui est donc le centre de tous nos tourments. Je précise que c’est le sujet de réflexion de toutes les nations en ce moment. Je témoigne que les néozélandais sont très inquiets à ce sujet. De plus en plus les jeunes maoris (ou pas) sont challengés par les immigrés venus pour travailler et toutes les tentations de la société de consommation. Comme son nom l’indique la mondialisation irrigue tout sur notre planète.

Cette transition entre l’adolescence et l’âge adulte est des plus délicates. Je peux témoigner de cela au moins professionnellement et tenter d’en tirer quelques pistes de progrès. Enfant j’admirais mon père quand il forgeait à la maison ou à l’usine. Ses gestes, les sons du marteau sur l’enclume, la lueur du feu de forge et de l’acier frappé rien ne m’échappait. J’ai voulu faire son métier. Le projet ne m’a jamais quitté. Partout où je passais j’étais le fils de Roger. Pas un poids, une fierté. Alors je me suis expatrié à la ville d’à côté pour trouver enfin une identité. Jusqu’au jour où mon père a compris qui j’étais devenu. Je savais forger un métal qu’il ne connaissait pas. Fier de le constater, il a tout fait pour m’avoir à ses côtés. Ensemble alors nous avons cheminé et faire d’énormes progrès dans la société qui nous employait. La transition s’était passée en douceur sans perte d'identité.

Comme un capitaine au rugby, mes compétences associées à celles de mes équipiers m’ont permis de montrer au monde entier ce que forger une pièce de qualité voulait dire sur le sol français. La dernière usine de forge que j’ai dirigée pour la relancer est japonaise aujourd’hui, leader mondial sur son marché.

Pierre Villepreux nous a expliqué comment sa philosophie avait transité en Nouvelle Zélande en toute amitié. Quand j’écoute réfléchir et discourir Claude Saurel, entraîneur souvent vainqueur et couronné de la nationalité de Géorgie pour service rendu à cette nation, je me dis que le monde français de ce ballon ne tourne définitivement pas rond. Comment concilier dans ce pays des compétences au lieu de s’affronter quand cela nous affaiblit? Exister dans le monde d’aujourd’hui demande de créer des liens, des réseaux, unir nos intelligences, quand va-t-on finir par le comprendre ?

Le rugby c’est une identité claire qui porte les valeurs d’une société. Quelles sont-elles aujourd’hui ? Tout et rien n’est dit, seul l’argent est mis en avant. Ce n’est pas une excuse. Qui voulons nous être vraiment ? Personne ne peut nous dicter notre conduite, ni individuellement ni collectivement. Les anglais sont avantagés, c’est Shakespeare qui a dit « être ou ne pas être, telle est la question ». Les dirigeants élus n’affirment à aucun moment qui nous voulons être vraiment pour exister dans ce jeu.

L’exemple de jeu que l’on pourrait imaginer pour toutes les équipes du Top 14 sans préjuger des spécificités des budgets et des régions est illustré superbement parle match des U20 France-Nouvelle Zélande. Le jeunes français ont montré une stratégie et une force collective que personnellement je n’ai pas vu depuis bien longtemps (sauf en phases finales du TOP 14 par le CO avec une envie de jeu moins généreuse). Pour les jeunes coqs, l’intention de jouer était évidente dès le début du match, voir l’énergie du pilier Bamba. Pas un danseur mais de la densité, du punch, de la vitesse : énergie à l’état pur.

J’ai étudié la loi de l’intention et celle de l’alignement de très près ; ce que manifestement les entraîneurs de cette équipe ont également fait. Les joueurs ont pris sur le terrain toutes leurs responsabilités. Jouer la pénal touche alors que les entraîneurs s’agitaient pour leur indiquer de tenter 3 points au pied. Peine perdue le capitaine avait décidé. Joli pied de nez. Match imparfait peut-être pour certains mais quand l’intention est visible à ce point le résultat ne peut qu’être là.

L’équipe offre une épine dorsale comme expliqué par nos meilleurs théoriciens. Un pack solide et conquérant, une charnière efficace et des arrières plutôt légers mais racés. Avez-vous remarqué que sur chaque prise de balle, chaque joueur à un mouvement de pied qui fixe l’adversaire ? Quelques phases de jeu montrent une spontanéité qui a dû être mainte fois répétée. Rien ne résiste à la répétition pour automatiser un mouvement ou une action. Les moines tibétains savent cela depuis longtemps.

C’est comme cela que jouent les AB depuis qu’ils sont nés. Ils ont envie de jouer au rugby avant de penser à l’argent. Contrairement à ce qui se dit tous les enfants ne jouent pas au rugby en Nouvelle Zélande. Tous savent dès l’école maternelle que la pyramide à monter est très compliquée pour être AB. Qu’il y a des sports plus faciles à pratiquer pour exister. Les laissés pour compte au jersey noir et argenté sont nombreux, mais ils font le bonheur des clubs régionaux qui trouvent plaisir à jouer sans autre espoir que l’enjeu et se retrouver entre amis (ou pas). Tout est toujours parfait dans ce monde.

Le Top 14 nous offre un modèle de jeu qui ne nous convient pas ? Pourquoi ne le dit-on pas ? Pourquoi ne pas argumenter ou effectivement faire grève de la télé. Personnellement je l’ai déjà fait. Je perds moins de temps à la regarder. Les vidéos me permettent de mieux disséquer ce que j’ai envie de comprendre pour pouvoir en parler.

Amusant à ce sujet de lire les souvenirs de Jean Michel Aguirre innovant sur la télé l’analyse qui devait préparer le succès de toute l’équipe de 79. Amusant de constater que c’est un prof de gym qui une fois de plus transmet son savoir et savoir faire (dans le cas en plus son savoir être) pour savoir faire faire. Aidé du capitaine et du pilier emblématique support de la mêlée ils ont établi la stratégie pour prendre en charge le jeu qui allait les mener au succès. Pas des moutons, des lions pour rugir la semaine durant les rappels à l’attitude mentale minimale que demande l’événement. De l’orgueil et de l’ambition aucunement mal placés dans le contexte sportif. Belle autonomie. Le rugby on aime ou on n’aime pas mais c’est d’abord du combat contre soi avant d’être contre les autres.

Ce que nous montre Jean-Michel est que pour entraîner il faut des qualités multiples. Une éducation, une attitude mentale pour imaginer un jeu qui répond à des attentes philosophiques, sociales et sociétales plus importantes que le seul résultat comptable ou financier. Une entreprise est faite pour gagner de l’argent mais son avenir est voué à l’échec si elle ne prend pas soin des hommes qui la composent. Les clubs du Top 14 n’offrent pas de jeu parce que les entraîneurs et les joueurs ne prennent pas leur responsabilités face aux dirigeants qui les ont achetés. Un processus permet de réaliser un projet un produit, jamais.

La volonté et détermination des jeunes U20 français sur ce match sont aussi évidentes pendant plus de 70 minutes de jeu. La furia finale des jeunes Néozélandais montre simplement qu’eux aussi cette fois se sont trompés. Cet échec relatif leur servira, je n’en doute pas. J’espère que de leur côté les jeunes français ne seront pas grisés de ce succès. Les anglais j’en suis sûr compte sur cette erreur mille fois commise par un coq qui bombe le torse pour dire que le soleil va se lever alors qu'il fait encore nuit.

Il sera encore question de stratégie pour jouer sur les qualités des joueurs qui seront alignés. Des joueurs clés semblent blessés. Ce qui est assez remarquable dans cette équipe c’est l’autonomie qui anime les joueurs. Les soutiens ne sont jamais loin quand l’un d’eux prend un trou. Les coaches semblent faire largement participer les joueurs à la définition du jeu. Reste à gérer les émotions car évidemment battre les représentants de la Nouvelle Zélande est toujours un exploit. Sauf qu’il n’est pas certain que leur destin soit aujourd’hui de jouer pour le team national. Fierté du peuple et de l’équilibre politique.

A moins de 20 ans aucun joueur NZ ne se voit jouer pour les AB avant qu’il ne soit appelé. Il faut être patient pour être intronisé dans le cercle fermé des All Blacks. En un siècle et demi seulement 1060 numéros à peu près ont été distribués. Quand on sait qu’il y a environ 150000 licenciés et 600000 pratiquants chaque année, vous voyez mieux où est le sommet. Mon copain Brad Shields est maintenant membre du 15 de la Rose par pénurie de N°8. Son impatience a indisposé autant S. Hansen que C. Woodward.

Venir faire une pige en Top 14 pour prendre plus de monnaie a été rpidement sollicité par les agents et les dirigeants. L'EDF paie peut-être cette volonté. Mais quand les premiers AB arrivés proches de la retraite n’ont pas manqué de dire que les français même jeunes au rugby étaient dépassés le phénomène s'est encore amplifié. L’occasion pour les jeunes maoris (ou pas) d’être démarchés pour prendre même dans les petites équipes de fédérale une place déjà encombrée de plusieurs autres nationalités. Les dirigeants français dans leur délire ne sont pas fairplay avec leurs jeunes. 

Qui parmi les anciens fait ici confiance aux jeunes ? Qui fait confiance aux anciens ? Au plan professionnel où par je ne sais quel coup du destin je me trouve remis en selle pour créer une école, je suis effaré de voir les exigences des cabinets de recrutement. Je suis tout autant estomaqué de voir les lacunes de nombre de nos jeunes diplômés. Du manque de professionnalisme de bien des cabinets…le burn-out ou le bore-out semblent avoir partout droit de cité. Moi qui pensait que le travail c’est la santé…

La survie de l’Equipe de France passe donc par une nouvelle stratégie. Commencer par une régression, de la patience et une concertation par région. Faire éclore un sentiment permanent de la beauté du jeu qui met l’éducation devant le résultat et la gloriole d’un petit dirigeant. Par région, il y a besoin de coopération, les villages se sont dépeuplés, les tentations nouvelles, les loisirs faciles se sont développés. Le rugby pour retrouver une aura va devoir ramer. Pas la peine de pleurer, cela ne fait jamais avancer mais un pas après l’autre il est possible d’y arriver. Faire serait mieux que de continuer à critiquer.

La dernière leçon donnée par l’équipe des U20 face à la Nouvelle Zélande, c’est le rythme de jeu qui n’a pas baissé. Leurs aînés ont l’habitude de se voir secouer par la peur de prendre une raclée. Survoltée en débutant l’équipe adverse ne se rend pas compte qu’elle va s’épuiser. L’énergie mise en jeu par une équipe AB est préparée dans les franchises. L’intensité des entraînements est menée comme Jean-Pierre Rives l’a menée pour gagner.

Trouver son rythme est une clé pour chaque joueur. Un équilibre intérieur qui est un apprentissage physique et surtout mental qui vous met en situation d’hyper concentration. Elle demande un effort qui ne vous laisse qu’esprit pour dominer le jeu que vous avez décidé. Je connais bien cela pour jouer au golf au  meilleur niveau, dommage de l’avoir découvert si tard. Au lieu d’être coach de golf, j’aurai passé ma vie au rugby.

Les Barbarians n’ont pas compris ce niveau d'intensité et ont pris l’eau dès la première minute. Robertson dans son entraînement ne fait aucun cadeau. Les Crusaders de tous les étages sont élevés au même rythme celui de la salle commune. On entend la musique de la rue quand on passe auprès de la salle de préparation. Il y a toujours du rythme. Pour entrer dans une équipe NZ, il faut être patient et tout donner le jour (et juste à l’heure) où vous êtes sélectionné. J’ai vu entrer Jordy Barrett, Laudmappé dernièrement le magnifique pilier moustachu, K. Tu'inukuafe ou Ofa Tu'ungafasi ! Aucun ne s’est loupé.

Alors 6 nouveaux dans l’équipe des Crusaders ce n’est pas un problème, cela ne diminue en rien l’équipe. Tous les joueurs sont impliqués complètement dans leurs entraînements. Chacun fait le pas de plus en restant ouvert et abordable, ce qui n’est pas le cas de nos joueurs. Les joueurs ont chacun des tâches domestiques. Read même blessé suit les entraînements et assiste les coaches. 

C’est vrai que la discipline n’est pas notre fort. Les spectateurs ne sont pas admis en France à la préparation des matches car au lieu de regarder et d’apprendre ce qui se fait, chacun veut faire des selfies pour se faire mousser…Du coup tout est fermé. Impossible de comparer.

Dans les équipes NZ, il y a une continuité dans la conduite du jeu et le turnover des joueurs est limité. A quelques nuances près toutes les équipes pratiquent le jeu qui est prôné par le conseil supérieur de la NRNZ formé des anciens capitaines. Les chargés de mission régionaux forment chaque année, apportent nuances et compléments à tous les dirigeants et entraîneurs. Une arborescence d’une rare précision.

Les équipes du Top 14 outre le fait que leur jeu ne fait pas rêver ne sont pas présentes dans la plupart des marchés sauf dans les petites cités. Quand nous parlons des budgets et que l’on veut singer le football, il faut rester modeste. Chaque équipe a un budget de petite volée, moins de 30 millions pas de quoi pavoiser. Assez cependant pour que des joueurs oublient parfois qui ils sont et se comportent comme des seigneurs. Passé deux jours à l’entraînement des Hurricanes et tous les joueurs ont dit bonjour…

Que faire maintenant pour la transition. Poursuivre l’éducation des jeunes pour les faire penser à l’après. J’ai la faiblesse de croire qu’un champion de haut niveau est un entrepreneur en puissance. Il est facile de poser la question a un jeune vers l’âge de 16 ans pour lui demander quel serait son avenir en cas d’échec dans le rugby. Question de routine qui se pose en développement personnel. Les nouvelles connaissances font que pour se former plus besoin d’aller sur les bancs d’une école. Les outils de formation sont multiples et variés. Il faut obliger les jeunes à penser à l’après, c’est le boulot des dirigeants qui ne peuvent pressuriser les joueurs comme leurs employés. Ce temps est dépassé.

L’efficacité d’une entreprise est celle des hommes et des femmes qui la composent. Ce fut trop longtemps oublié. Les agents de joueurs sont très actifs car ce sont les transferts qui les font vibrer et ramasser la monnaie. Ce ne devraient pas être à eux de solliciter les clubs mais aux dirigeants eux-mêmes de diriger leur marché en fonction de la forme de l’équipe qu’ils veulent composer en fonction de la vision stratégique qu’ils ont imaginée sur le long terme. C’est en cela qu’une entreprise devient mature et assure sa pérennité. La cellule de veille en sport est d’une autre nature mais elle reste vigilante pour apprendre de chaque rencontre et réviser très tôt le plan de progrès… Tout ceci est fait par les clubs NZ. Pas compliqué à imiter avec les nuances dues à notre identité.

Les jeunes doivent être suivis non pour prendre du poids musculaire mais pour muscler leurs intelligences. Que le savoir-faire se transforme en savoir être le plus tôt possible. C’est vrai dans tous les sports de France. Je trouve inadmissible que les dirigeants veuillent avoir dans leurs équipes des hommes ou des femmes en déséquilibre. Il est faux de penser que la somme de travail à accomplir pour atteindre le haut niveau est seulement réservée au sport.

Un jeune doit pouvoir se projeter à 10 ans. J’en sais quelque chose je pose la question régulièrement. Ils ont des réponses et ensemble comme par hasard nous trouvons des solutions…Un sportif de haut niveau est par définition intelligent, ne laissons pas le sport le rendre con. Cela passe par une réduction des temps d’entraînement pour élever le niveau qualité de chaque cession. Du travail d’entraîneur pertinent, ce qui suppose que lui-même cherche à apprendre chaque jour un peu plus pour rester en phase avec son temps.

Le diplôme aujourd’hui est moins important qu’il y a quelques années, c’est le faire, l’action qui prend le pas. Alors que les dirigeants se posent la question : si un de leur rejeton était dans l’équipe des U20 que ferait-il à ce stade de la situation ? Supposons qu’il soit champion. Objectif atteint, mais dès lundi une fois les flonflons retombés comment fera -t-il pour se remettre en question et recommencer à travailler pour monter d’un échelon ? C’est toute la question de l’objectif et de la vision. Les NZ tous autant qu’ils sont restent obnubilés par « l’après ». Tous les entraîneurs m’ont dit que leur job était de faire de meilleurs hommes avant de faire de meilleurs joueurs.

Tous n’ont pas pu me tromper…Je reste optimiste pour les jeunes que j'ai vu jouer; le groupe d’entraîneurs qui a préparé cette équipe a fait du bon travail. Le DTN a ses fils totalement mouillés dans le bain du Top 14, les choses pourraient bien changer. Il faut se liguer pour permettre aux nouvelles générations de se prendre en main et de ne pas attendre pour évoluer comme beaucoup d’entre nous l’avons fait.


Michel Prieu



Michel Prieu

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Au pays du rugby

La Nouvelle Zélande m'intrigue, pas une nouveauté. Christchurch m'a fasciné l'an dernier, comme une ville tremblante de vérit...